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    2 octobre 1996 / N- 13
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        - Y A-T-IL UN ANTIRACISTE DANS
        LE MARIGOT POLITIQUE ?

        - FUME, C'EST L'AMIANTE !
        A JUSSIEU, LE DÉSAMIANTAGE TRAINE. RAISONS

        - DÉCRETS ANTI-MANDICITÉ : UN CHARTER POUR GODFRAIN !

        - CONTINUONS À SOUTENIR VÉRONIQUE AKOBÉ

        - PARIS XVIIIe : UN MAIRE SOCIALISTE
        CHAMPION DE L'ORDRE ET DE LA SECURITÉ


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Y A-T-IL UN ANTIRACISTE DANS LE MARIGOT POLITIQUE ?
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Depuis une dizaine d'anne'es, le racisme fait pe'riodiquement la une des
journaux. L'e'pisode actuel est en partie du au discours de Le Pen lors de
l'universite' d'e'te' du Front National, affirmant "l'ine'galite' des
races". Depuis on a vu monter au cre'neau les hommes politiques de droite
et de gauche. Toubon y va de sa loi contre le racisme, les partis de gauche
mettent en place un comite' de vigilance. Les e'lections de 98 se profilent
a` l'horizon. La lutte des  sans-papiers continue.

Une des forces du syste`me actuel est d'arriver a` cacher le racisme re'el
qui est a` l'oeuvre ! Les me'dias jouent un rôle primordial. L'e'clipse de
la ve'rite' se fait par la mise en spectacles de ce que disent ou` vivent
les gens. Ces diffe'rents spectacles me'diatiques recherchent l'e'motion.
Si l'e'motion est trop forte, elle peut servir momentane'ment ceux et
celles qui luttent et peut se retourner contre le pouvoir (dans ce cas, les
me'dias revoient rapidement la mise en sce`ne). Mais l'e'motion a aussi
pour objet d'e'loigner le spectateur de la raison, de la re'flexion. Elle
le rend  exte'rieur a` l'e've'nement, alors qu'il se croit proche de
l'acteur. Pour un meme sujet, les spectacles sont  juxtapose's de telle
sorte que le spectateur ne puisse voir les liens, les contradictions.
Ainsi, le spectateur en retirera l'impression que tout se vaut, l'incitant
a` la passivite'.

LA QUESTION DU RACISME PEUT ILLUSTRER CES PHÉNOMENES.

18 mars, 300 sans-papiers occupent l'e'glise Saint-Ambroise et demandent
une re'gularisation collective. Leur lutte connait de nombreuses
pe'ripe'ties (plusieurs expulsions, cre'ation d'un colle`ge de
me'diateurs...). Les me'dias en parlent et nombreux sont les spectateurs
e'mus par la situation des parents d'enfant franc,ais, des couples mixtes,
des personnes pre'sentes en France depuis plus de 10 ans,... Mais cette
e'motion n'entraine pas un soutien actif. La mise en avant de
personnalite's civiles ou religieuses pour accroitre l'effet me'diatique,
peut aussi etre a` double tranchant : poids des personnalite's, lutte pour
la valorisation personnelle, sans parler du Hic de l'abbe' Pierre avec
l'affaire Garaudy.

Les questions pose'es par la lutte des sans-papiers ne sont pas de'battues
: rapports Nord-Sud, liberte' de circulation de tous les habitants de cette
plane`te. Le consensus e'motionnel permet de ne pas remettre en cause le
consensus sur la politique xe'nophobe et raciste mis en oeuvre par l'Etat
franc,ais depuis 1974.

MAI-JUIN 96, LE FRONT NATIONAL REFUSE D'ETRE QUALIFIÉ D'EXTREME DROITE.

Le Front National est en mal de respectabilite' pour devenir un parti en
situation de prendre le pouvoir. Il a donc lance' une campagne qui se
caracte'rise (entre autres choses) par une se'rie de demandes de "droit de
re'ponse" aux journaux qui ont accole' les termes "extreme droite" a` Front
national. La justice a donne' gain de cause au FN et a condamne' plusieurs
quotidiens dont "Le Monde" et "Libe'ration" a` publier des droits de
re'ponse du FN,  du Club de l'Horloge (nouvelle droite) et du quotidien
"Pre'sent".

QUELLE EST L'ARGUMENTATION DU FN ?

Le Pen a estime' que "la se'mantique est aujourd'hui un des terrains de
l'affrontement intellectuel et politique" et que "les mots ont une
importance capitale". Ce qualificatif  "est dans le monde me'diatique
toujours associe' a` la violence". "Quand il y a un attentat, un incendie,
un  meurtre, des violences, on dit: "on ne ne'glige pas la piste d'extreme
droite",  et on associe toujours ce mot a` ces images", de'clare Le Pen. et
il ajoute "Apre`s, il suffit de l'associer syste'matiquement au Front
national pour obtenir une espe`ce d'image subliminale", une "image
politiquement connote'e".

Plus brutalement, le quotidien Pre'sent affirmait mardi 11 juin que ce
terme veut dire "raciste, nazi, etc, et ce sont la` des de'lits".

Les dirigeants du Front national ont compris depuis longtemps l'importance
de la socie'te' du spectacle. La se'mantique dans ce cadre prend toute son
importance. Le FN veut que les me'dias montrent de lui une image qui fasse
oublier qu'il est synonyme de violence, de meurtre, ...

L'explication du quotidien "Pre'sent" est plus crue et bien plus
significative. En effet elle pose la question suivante : "Peut-on accuser
le Front National, Pre'sent, Le Club de l'Horloge, les satellites du FN de
RACISTES ?".

Selon les termes de la loi, ils s'en de'fendent, criant a` qui veut
l'entendre qu'ils n'ont rien contre les arabes, les noirs, les indiens,
.... que les noirs me'ritent autant de respect que les blancs. En
conse'quence, la le'galite' re'publicaine ne peut rien leur reprocher.
S'ils e'taient racistes, ils seraient en situation permanente de de'lit.
Alors, tous les partis, associations, syndicats de l'hexagone qui se
revendiquent de la de'fense des droits de l'homme, de la lutte contre le
racisme, seraient en droit de porter plainte. Ils ne le font pas !

Face a` la campagne du FN, les me'dias ont porte' le de'bat sur la liberte'
d'expression des journalistes, faisant jouer cette corde e'motionnelle "Le
FN, c'est le grand me'chant loup qui veut nous baillonner". La question de
fond sur la "substitution" du racisme biologique par le racisme
diffe'rentialiste n'a e'te' ni pose'e, encore moins de'battue.

AOUT 96 : LE PEN ET L'INÉGALITÉ DES RACES.

Universite' d'e'te' du FN, Le Pen de'clare que les races ne sont pas
e'gales. Emotion de nouveau ! Le  Pen  vient de franchir l'innommable. Pour
les me'dias, Le Pen revendique le racisme biologique, une des origines du
nazisme, de la Shoah.

Plus l'e'motion est forte, plus le pouvoir (ou ceux qui le veulent),
l'instrumentalise, pour se blanchir. En effet, que constate-t-on ?

- Les memes (Juppe' en tete) qui mettent en oeuvre le racisme et la
xe'nophobie d'e'tat, expulsent les sans-papiers, se pre'sentent comme les
de'fenseurs des liberte's, qualifient Le Pen de raciste, xe'nophobe,

- Les memes (Toubon et Debre' en  tete) qui pre'sentent une nouvelle loi
anti-immigre's,2  veulent faire voter une nie`me loi antiraciste. Elle
punirait de 300 000F d'amende et d'un an d'emprisonnement "le fait de
diffuser un message portant atteinte a` la dignite', a` l'honneur ou la
conside'ration d'une personne, ou d'un ou plusieurs groupes de personnes en
raison de leur origine ou de leur appartenance, a` une ethnie, une nation,
une race ou une religion, qu'elle soit ou non de'termine'e". Avec une telle
loi, gare a` tous ceux et celles qui oseraient manifester contre les sectes
catholiques anti-avortements, la venue du pape en aout 97 a` Paris.

- Le PS, le PCF, le Parti radical socialiste, Le Mouvement des Citoyens et
les verts ont de'cide' de "constituer un comite' de vigilance contre
l'extreme-droite, charge' de conduire tout type d'action de nature a` faire
re'gresser le racisme et la xe'nophobie". Tout ce beau monde se montre a`
la te'le'. Vite oublie'e, la politique xe'nophobe du PS quand il e'tait au
gouvernement. Vite oublie's, les bulldozers du PCF contre les foyers
d'immigre's.

POUR ETRE ÉLU, LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS.

Dans deux e'lections partielles le 15/09/96, deux candidats de droite ont
e'te' e'lus grace a` un front re'publicain (RPR, UDF, PS, PCF, MEI3). Si
pour de nombreux e'lecteurs, il est ne'cessaire de battre le FN pour ne pas
e'touffer, on est en droit de se poser des questions sur les objectifs des
dirigeants politiques. Y aurait-il un racisme honorable (racisme et
xe'nophobie d'e'tat) face au racisme diffe'rentialiste du FN? Ne
serait-onpas plutôt les e'lections des de'pute's  en 1998 qui les
pre'occupent avant toute autre chose ? On peut constater que pour gagner
les e'lections, les dirigeants politiques sont prets a` tout.
Clinton lance son arme'e contre l'Irak, Eltsine contre les Tche'tche`nes.
En France, les immigre's sont les boucs e'missaires. Jospin n'he'site pas
a` dire que s'ils reviennent au pouvoir en 1998, les expulsions seront
ne'cessaires. Seul changement, elles se feront dans la dignite' !

Le spectacle antiraciste des partis institutionnels n'est que la fac,ade
d'une politique raciste et xe'nophobe de l'Etat, collant au programme du
FN.

Georges (Scalp-Nantes)

[ Extrait de "No Pasaran !", nume'ro 40, octobre 1996 ]


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FUME, C'EST L'AMIANTE !
A JUSSIEU, LE DÉSAMIANTAGE TRAINE. RAISONS
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Les dangers de l'amiante sont connus depuis plus de 50 ans et de'ja` 20
personnes sont recense's comme contamine'es a` Jussieu. Il est tre`s dur de
prouver que la cause est l'amiante et spe'cialement celle du campus. Les
personnes expose'es doivent subir des examens a` la me'decine du travail,
mais dans de nombreux cas les personnes malades l'apprirent lors de
consultations hors de ce cadre. Les pre'sidences et l'Etat ne re'agissent
que maintenant. Serait - ce parce que le nombre de de'ce`s va en
grandissant (2000 a` 3000 personnes par an meurent de l'amiante en France)?
Ou bien par peur du nombre de plaintes qui sont de'pose'es? Craindrait - on
un nouveau scandale e'quivalent a` celui du sang contamine' (plus de 100000
personnes risquent de mourir d'ici 2015)? Ou  les enjeux seraient - ils
e'conomiques?

Ce n'est en tout cas pas la sante' publique qui motive leur choix. En
re'alite', il s'agit de rentabilite'. Les promoteurs immobiliers lorgnent
sur les batiments du quai de Seine et Tiberi souhaiterait remplir cette ZAC
Rive Gauche qui soule`ve tant de pole'miques. De plus, cette
de'concentration de Jussieu (Paris VII devrait partir) supprimerait le
caracte`re pluridisciplinaire du campus. Voudrait-on faire du site un lieu
re'serve' et limite' a` une 'e'lite' scientifique?

On constate, sans surprise, qu'il s'agit d'un proble`me pe'cunier. Nous
e'voluons toujours dans une logique de rentabilite' du service public.
Bayrou & Co pre'fe'raient sans doute tout raser et reconstruire en
collaboration avec les entreprises, des facs de formation au service des
patrons. Alors que deviendrait l'Universite' de la culture, du savoir et de
la citoyennete'? Rien, mais on est de'ja` dans le ne'ant de l'e'ducation.
Ce vide provoque une abscence de connaissance. Pour remplacer celle-ci, on
veut nous mettre en place une formation professionnelle. Ce qui implique
une re'forme du syste`me scolaire en collaboration avec les entreprises qui
fait des e'tudiants, des profs et des chercheurs, des pions au service de
la rentabilite' marchande.

C'est pourquoi nous exigeons le de'samiantage de Jussieu et refusons
l'e'clatement des facs, pour garder une unite' a` travers nos diffe'rences.

RAJ - Re'volte Autonome Jussieu


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DÉCRETS ANTI-MANDICITÉ :
UN CHARTER POUR GODFRAIN !
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Dans la plus grande discre'tion, le maire de Millau, par ailleurs Ministre
de la Coope'ration, a signe' le 25 juin dernier, un arrete' municipal
anti-mendicite' : interdiction de stationner, interdiction des chiens, des
regroupements, de s'asseoir...

Au conseil municipal du 25 juin, le maire a bien averti de l'installation
d'un poste de police, mais il s'est bien garde' de parler de l'arrete' du
meme jour.

Godfrain est le premier ministre du gouvernement Juppe' a` basculer dans
cette de'rive se'curitaire qui contamine le Sud de la France.
Le 12 juillet, un SDF, assis sur un trottoir et jouant de la musique, se
voit dresser un proce`s verbal. Tre`s rapidement, la riposte s'organise :
pe'titions, de'bat public, cre'ation d'un collectif contre l'arrete'
anti-mendicite'. Une premie`re action de protestation rassemble les
opposants, allonge's a` meme le trottoir, entoure's d'une meute de
chiens... en peluche, bravant symboliquement l'arrete' municipal.
Le 29 juillet, le collectif organise un sit-in sur les marches de la
mairie, ou` se tient un Conseil municipal, puis une centaine de personnes
investissent la salle du Conseil pour assister au de'bat entre les e'lus.

A Montpellier, lors de la manif "sieste des allonge's" organise'e contre ce
type d'arrete', la coordination nationale appelle a` une manifestation
nationale "Faites la rue publique" a` Millau. Le but est de protester
contre les arrete's de plus en plus nombreux et ridicules, mais aussi
contre toutes les exclusions.

Le maire-ministre joue alors la provocation. Dans une note d'information
distribue'e par la police municipale aupre`s des commerc,ants de la ville,
il demande au sous-pre'fet de garantir l'ordre public et met en garde les
habitants de Millau contre les agissements de personnes venus d'ailleurs et
de prendre toutes les mesures ne'cessaires. L'ombre des hordes sauvages
d'Attila planait sur Millau. Le 7 septembre, pre`s d'un millier de
personnes manifestait. Au cours d'une halte devant la mairie cadenasse'e,
une de'le'gation oh ! combien me'diatique e'tait rec,ue par le Maire
(professeur Schwartzenberz, le pre'sident de Droit Devant, le porte-parole
national de la Ligue des droits de l'homme, etc.). Le Collectif de Millau,
habitue' au "dialogue" avec Godfrain, refusait de participer a` cette
de'le'gation.

Ne voyant pas revenir les e'missaires, les manifestants de'cident eux, de
faire entendre leurs revendications en parcourant les rues du coeur de la
ville et une fete e'tait organise'e en fin de manif.

Si, pour les organisateurs, la participation est un re'el succe`s, le
re'sultat obtenu par la de'le'gation est bien maigre : le maire laisse
courir l'arrete' anti-mendicite' jusqu'au 15 septembrecomme cela e'tait
pre'vu, il confirme le contact qu'il a de'ja` eu avec les diffe'rents
maires qui ont pris ce genre d'arrete' (8 UDF? 8 RPR, 2 FN, 1 Radical de
gauche, 3 PS, 2 PC). Il va rechercher avec eux des solutions, et re'pond
favorablement a` la proposition du professeur Scwartzenberg qui lui
sugge'rait que les textes de lois repris par l'arrete' soient porte's a` la
connaissance de la population.

La presse, le lendemain de la manif, montrait une photo : une poigne'e de
main symbolique entre Godfrain et Schwartzenberg sur le perron de la mairie
avec la le'gende : "Chacun a fait un pas vers l'autre"...
Ces engagements qualifie's de "courte victoire" ou de "petites avance'es"
ne peuvent satisfaire le Collectif de Millau qui appelle a` la poursuite de
la lutte et l'approfondissement de la re'flexion sur l'exclusion.

Le Collectif avait bien raison de douter de la parole de Godfrain : dans
les jours qui ont suivi la manifestation, des SDF se voyaient interdire la
mendicite' par la Police municipale, dans les rues du centre de la
ville.... et ou` c,a commence, le centre d'une ville ?

No Pasaran Rodez

(1) Le racisme diffe'rentialiste  consiste a` dire que puisqu'il ne peut y
avoir hie'rarchie des races, des cultures, ... celles-ci ne doivent pas
pour autant se me'langer, au contraire, elles doivent etre se'pare'es,
cloisonne'es. Ce qui fait dire a` Le Pen qu'il aime bien les arabes mais
chez eux, et d'appliquer le principe : je pre'fe`re les franc,ais aux
e'trangers, les gens de ma re'gion aux franc,ais, mes voisins aux gens
e'loigne's,  mes enfants a` mes voisins, ....
C'est bien ce racisme diffe'rentialiste qui est a` l'oeuvre dans la
construction a` l'Europe, dans les conflits au Rwanda, en ex-Yougoslavie.
Il est aussi a` l'oeuvre en France dans toutes les lois vote'es depuis 20
ans concernant l'immigration.
(2) Le gouvernement va pre'senter une loi durcissant les lois Pasqua pour
faciliter les expulsions.
(3) Mouvement des Ecologistes Inde'pendants


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CONTINUONS À SOUTENIR VÉRONIQUE AKOBÉ
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Gracie'e le 3 juillet 1996 et autorise'e a` demeurer provisoirement (3
mois) sur le territoire franc,ais, V. Akobe' remercie toutes les personnes
qui ont participe' la campagne pour sa libe'ration. Mais apre`s un article
paru dans Le Monde du 8 mars 1996, son ancien de'fenseur Me Jacques Peyrat,
maire de Nice, anciennement membre du FN et aujourd'hui du RPR, attaque en
diffamation la pre'sident de l'AVFT (association europe'enne contre les
violences faites aux femmes). Un soutien financier serait donc bienvenu.

AVFT 71, rue St-Jacques 75005 Paris.

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PARIS XVIIIe : UN MAIRE SOCIALISTE
CHAMPION DE L'ORDRE ET DE LA SECURITÉ
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Le 2 juillet dernier, le maire socialiste de notre arrondissement e'crivait
a` jean tibe'ri, maire RPR de Paris pour lui demander
de 'prendre des mesures' contre les squatts qui "indisposenT les
riverains". Fin aout, il se de'pense sans compter, devant les came'ras et
dans la presse, pour de'noncer l'attitude du pouvoir face aux sans-papiers
re'fugie's dans l'e'glise Saint-Bernard, a` la Goutte-d'Or.
Entre discours progressiste et politique se'curitaire, que veut "notre"
MAIRE: changer la vie des habitants les plus de'munis de l'arrondissement
ou caresser dans le sens du poil l'e'lectorat de droite et d'extreme-droite
? ON SE LE DEMANDE...

La lecture de la lettre envoye'e par Daniel Vaillant a` Jean Tibe'ri est
pour le moins e'difiante. Elle re've`le, une fois de plus toute la distance
qui existe entre les intentions proclame'es des politiciens et la re'alite'
de leurs actes...

D'un côte', Daniel Vaillant peaufine son image de de'mocrate, il parle de
"concertation", de "transparence", de "gestion sociale", de "solidarite'",
etc.; de l'autre, il me'nage sa carrie`re de "nume'ro deux" du Parti
socialiste et de futur ministre de l'inte'rieur d'un e'ventuel gouvernement
de gauche, il me'nage aussi un e'lectorat travaille' au corps par le
lepe'nisme rampant et par des de'cennies de discours se'curitaires manie's
a` souhait par tous les gouvernements.

Ainsi, dans sa lettre, il alerte Tibe'ri "sur la situation intole'rable qui
pre'vaut depuis de nombreuses anne'es dans certains immeubles ou
appartements proprie'te's de la Ville de Paris". Mieux, il demande "de
toute urgence" des "mesures qui s'imposent pour mettre fin aux squatts
de'lictueux ou` se'vissent la drogue et la prostitution", allant jusqu'a`
donner la liste impressionnante de tous ces lieux qui, selon lui,
"indisposent la population": 61, rue Myrha (1) ; 6, cite' Falaise; 40, rue
Cave' ; 1, 9, 18 et 19, rue Caille' ; les secteurs Amiraux-Simplon,
Duhesme-Roi d'Alger, Abesse-Pigalle ; plusieurs appartements dans les
nume'ros pairs de la rue Ernestine et rue Richomme ; 11, impasse de la
De'fense ; 6, rue Ramey ; 72, rue Championnet ; deux hôtels meuble's au 28,
rue Poulet et au 29, rue Polonceau et avec une attention toute
particulie`re pour la rue Emile Duploye' et le 20-22, rue Jean-Dollfus (2).

Cette correspondance, ouvertement de'latoire, s'enrobe de conside'rations
creuses qui se veulent ge'ne'reuses et de "bon sens": "je ne peux plus
accepter que les habitants des quartiers qui souffrent plus que d'autres
des phe'nome`nes d'exclusion et de mise`re sociale, supportent les
conse'quences de la gestion de'faillante de la Mairie de Paris". Elle
masque cependant difficilement le fait qu'il s'agit d'une demande en bonne
et due forme d'expulsion par la Mairie de Paris ! Comment interpre'ter
autrement une lettre qui se conclue par "il me parait indispensable que les
appartements concerne's soient re'affecte's au plus vite au parc social de
la Ville", et qui ne souffle mot sur la ne'cessite' de reloger les
occupants actuels de ces immeubles et appartements. Qualifie's de
"squatters", accuse' de "trafic de drogue" et de "prostitution", de'signe's
comme responsables de l'inse'curite' et du malaise des riverains, tous les
mal-loge's qui occupent des appartements dans ces secteurs de
l'arrondissement sont ainsi livre's a` la vindicte se'curitaire et a`
l'action re'pressive: des mots lourds de sens lorsque l'on voit la police
faire des perquisitions pour "trafic de drogue" chez les familles qui
occupent le 61, rue Myrha et lorsqu'ils sont suivis de l'expulsion de douze
familles au 20, rue Jean-Dollfus.

Alors que l'extreme-droite et la droite agitent le spectre de
l'inse'curite' pour demander toujours plus de flics, toujours plus de
mesures d'exclusions, toujours plus de mesures de contrôle, et de'signent
des bouc-e'missaires faciles (les immigre's, les marginaux, les squatters,
etc.) pour expliquer tous les proble`mes quotidiens dans nos quartiers et
vendre ainsi leur projet de socie'te' ine'galitaire et autoritaire, la
de'magogie "se'curitaire" de Daniel Vaillant porte une lourde
responsabilite'.

Non seulement elle fait le jeu des racistes et des re'actionnaires de tout
poil, mais surtout elle masque les ve'ritables raisons de la de'gradations
des conditions de vie dans certaines parties du XVIIIe : quartiers laisse's
a` l'abandon par la Ville de Paris pour pouvoir ensuite justifier son
intervention muscle'e (3), logements vides pour des raisons de
spe'culation, refus d'un ve'ritable "traitement social" de la toxicomanie
au profit de la seul intervention re'pressive, sous e'quipement sanitaire,
social et scolaire de l'Est parisien, etc.
Il est vrai qu'aborder ces questions est difficilement compatible avec
l'ambition d'une carrie`re politique nationale et gouvernementale, et tre`s
certainement bien moins payant au niveau e'lectoral... Toujours est-il que,
de'sormais, la prochaine fois que le maire socialiste de l'arrondissement
nous parlera de "de'mocratie locale", de "quartiers solidaires" de "gestion
sociale", nous saurons ce que vaut sa parole: gue`re plus que celle de
Tibe'ri et Cie.

Collectif "Dix-huitie`me Paralle`le" (Paris)

(1) Daniel Vaillant a visiblement "oublie" qu'il a, il y a quelques mois,
aussi e'crit a` Jean Tibe'ri pour plaider la cause des 18 familles
africaines familles de la rue Myrha et lui demander d'intervenir pour leur
relogement. Alors, de'linquants ou mal-loge's ?
(2) Douze familles y ont e'te' expulse'es de'but septembre, voila` qui doit
satisfaire a` la requete de Mr Vaillant..
(3) Voir l'article sur la situation du 40, rue Myrha publie' par notre
confre`re "Le 18e du Mois", n 20, juillet-aout 1996, qui illustre
parfaitement les effets de cette logique de "laisser aller" sur un quartier
que l'on laisse a` la dérive, pour mieux le de'signer ensuite comme
"insalubre" et comme foyer "d'inse'curite'", et le'gitimer ainsi sa reprise
en mains immobilie`re et policie`re.


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CONTACTS DIVERS
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Le collectif "Des papiers pour tous"
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21ter, rue Voltaire, 75011 Paris (Me'tro Boulet-Montreuil)
Te'l. 43 48 54 95 - Fax 43 72 15 77
http://www.anet.fr/~aris/dppt.html
Re'unions publiques les premiers et troisie`mes mardi du mois a` 19 heures.


Les Africains sans-papiers de St Ambroise
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32, rue du Faubourg-Poissonnie`re, 75010 Paris
Te'l. 02 42 46 27
http://bok.net/pajol/
Messages de soutien : pajol@bok.net


Coordination nationale des collectifs de sans-papiers
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21ter, rue Voltaire, 75011 Paris (Me'tro Boulet-Montreuil)
Te'l. 43 72 15 73 - Fax : 43 72 15 77


Informations en italien sur la lutte des sans papiers
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http:/www.ecn.org/lists/internazionale/


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FIN - [2/2]
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Samizdat : http://www.anet.fr/~aris/
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